Les Enfants de Tsiro

Témoignage de Ronan (séjour du 15/10/15 au 23/12/15)

Je m’appelle Ronan et je suis un volontaire venu de France pour aider sur le chantier de Bel air (association volontaires du Bogonlava). J’ai 33 ans et j’ai travaillé pendant 7 ans en tant que dessinateur dans le bâtiment. Depuis 2 ans, je me suis reconverti en tant que menuisier. En arrivant à Madagascar, la première chose dont on s’aperçoit c’est que la récupération et le recyclage font partie de la culture. Que ce soit en mécanique ou en bâtiment, « ça tient, tant que ça tient !» Des mots comme anticipation, maintenance, sécurité, précision ou même droit semblent s’être arrêté à la douane. Je n’ai jamais osé demander la traduction en Malagasy d’ailleurs. « Tsy maninona » (Ce n’est pas grave.., ça ira).

Il est très difficile, quand on n’est pas habitué à cette manière de travailler, de s’improviser chef de chantier. Voici quelques particularités du travail à la « malgache ». N’y voyez aucun jugement négatif de ma part, car en l’espace de trois semaines passées ici, les Malagasy avec lesquelles j'ai eu la chance de travailler sont pour la plupart devenus des amis. L'humain est au centre de nos actes, quand on a décidé d'entreprendre un projet comme celui de Bel Air.

Néanmoins, je tiens à vous faire partager une journée-type sur un chantier malagasy. Début de journée, il faut tenter de rassembler les équipes. Chacun partant vers ses occupations, il n'y a pas de notion de priorité. Première étape franchie, les objectifs sont fixés pour la journée et là, la journée commence. D'abord, aller chercher les matériaux s’ils sont disponibles en ville, sinon une semaine de délai pour aller chercher les matériaux manquants à Tana. Les dimensions et quantités définies, le menuisier part pour le centre ville. Quelques heures plus tard, le matériel est là. « Oups » les dimensions ne sont pas bonnes, le bois n'est pas droit et tous les morceaux ne sont pas de la même essence. Pas grave, il va falloir modifier les plans. C’est déjà l'heure de manger. Après le repas, au boulot, mais là encore problème, il n'y a plus de courant. Certaines opérations devront attendre. Faisons à la main ce que nous pouvons. Les outils à main doivent être affûtés régulièrement car ils sont réalisés dans du métal récupéré. Pierre à huile non plane et huile de vidange feront l'affaire. Avant de travailler le bois, il faut tracer les assemblages. Problème les équerres neuves ne sont pas d'équerre. La règle de traçage en bois a subi des coups et la lame de rabot creuse des ornières rondes, car elle est trop usée. Le travail prévu ne sera pas fini ce soir... Tsy maninona! L'ambiance entre nous est excellente et ça, ça vaut tout.

Moi qui étais venu pour un projet de construction précis, je repartirais certainement avec le meilleur des cadeaux, l'amitié des gens d'ici. Si l'on vient à Madagascar dans l'espoir de faire avancer les choses, il faut s'attendre à ce que ce soit Madagascar qui te fasse avancer. Mais rien n'est gratuit et certains moments peuvent être difficiles.... N'est-ce pas cela la vie ?

Ronan

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